Rivage de la colère – Caroline Laurent

« Ce n’est pas grand-chose, l’espoir.
Une prière pour soi. Un peu de rêve pilé dans la main, des milliers d’éclats de verre, la paume en sang. C’est une ritournelle inventée un matin de soleil pâle.
Pour nous, enfants des Îles là-haut, c’est aussi un drapeau noir aux reflets d’or et de turquoise. Une livre de chair prélevée depuis si longtemps qu’on s’est habitués à vivre la poitrine trouée. »

 

Rivage de la colere

 

« Je n’ai pas la foi. Je préfère parler d’espoir. L’espoir, c’est l’ordinaire tel qu’il devrait toujours être : tourné vers un ailleurs. Pas un but ni un objectif, non, un ailleurs. Un lieu secret dans lequel, enfin, chacun trouverait sa place. Un lieu juste.» Le livre commence juste, je viens de tourner la deuxième page, et déjà, dès ces mots là, j’ai su que j’irai jusqu’au bout de ce livre, certaine que la puissance de ce paragraphe allait m’emporter loin, aussi loin qu’est l’archipel des Chagos pour moi, sur mon fauteuil, en train de lire ce premier chapitre.

Diego Garcia est un paradis, l’océan y est turquoise, transparent, le sable doux et la nature luxuriante et bienfaitrice. Malgré la rigueur de la vie, les conditions de travail et la dépendance aux bateaux qui assurent le ravitaillement, ces habitants semblent y être heureux, et particulièrement Marie-Pierre Ladouceur, libre jeune femme chagossienne, qui court pieds nus partout où son cœur l’emporte. Alors qu’un bateau arrive et que le livre bascule dans la réalité, crue, violente, Marie tombe amoureuse d’un plus puissant, presque intouchable, et son destin bascule.

Joséphin nait, il est la troisième voix de ce roman, celui qui fait que cette histoire arrive jusqu’à nous, le lien entre l’imagination, le drame de l’archipel des Chagos et notre XXIème siècle.

Caroline Laurent, dont c’est le deuxième roman, écrit avec son cœur et les souvenirs de sa mère alors insulaire à Maurice, comme point de départ. Son écriture nous plonge dans cette histoire comme dans l’océan dont elle décrit si bien les multiples délices et les quelques dangers quand, d’aventure, nous nous y aventurons sans vraiment réfléchir, avec juste l’envie de vivre plus, … plus grand, plus fort. L’autrice n’épargne rien au lecteur, le bonheur comme la détresse, avec comme leitmotiv toujours cette force de vie qui coule dans les veines de son héroïne. Au milieu de l’immense drame vécu par les habitants de l’archipel des Chagos, elle utilise son écriture pour redonner à ses victimes une humanité et une existence que les tribunaux internationaux et les forces en présence ont mis des décennies à reconnaître. – Emmanuelle Boucart- Loirat

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Cela aurait pu être le décor parfait d’une vie faite de douceurs et de couleurs au milieu de l’océan. Les Chagos, archipel de l’océan indien où la vie s’égrène autour de petites choses, de riens, de vie en famille rythmée par la pêche et l’attente de ravitaillements par bateaux. Ce roman est une histoire d’amour née par hasard entre une Chagossienne et d’un jeune homme arrivé pour seconder l’administrateur de l’archipel. C’est aussi l’histoire d’une trahison lors de l’indépendance de l’ile Maurice , c’est l’histoire d’une déportation cruelle , mais c’est aussi l’histoire d’une rage, d’une colère et d’une révolte. Caroline Laurent va se faire la porte parole du peuple Chagossien,  grâce à ses mots elle va lui donner sa voix, lui rendre sa dignité, l’emmener vers l’espoir d’un retour apaisé sur cette si belle terre. Ce roman militant, fait de colère et d’espoir est également le reflet des rapports entre ceux qui possèdent et ceux qui n’ont rien, sauf leur dignité. A lire après le si beau Et soudain, la liberté. – Philippe Hatry

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Il est des morceaux d’Histoire qui me bouleversent, les événements rapportés et romancés dans Rivage de la Colère en font partie. Caroline Laurent raconte ici, avec émotion, l’histoire d’un de ces peuples déplacés, celui des habitants des îles Chagos, dépendantes de l’ïle Maurice. L’histoire, se déroule en 1967. « Peuples déplacés », l’expression peut sembler euphémique, pour décrire la situation de populations qui, à la suite de guerres, ou de la mainmise d’un Etat, ici la Grande Bretagne, ont été contraintes de quitter leur terre et de vivre en exil. Ces populations ont perdu en quelques semaines douloureuses, leur passé, leurs racines, leur présent, leurs faibles biens, leur avenir, leur culture, leur langue, leurs amours et leurs espoirs.

La seconde guerre mondiale a donné de nombreux exemples de telles pratiques, quand les tyrans du nazisme ou du communisme ont expulsé des peuples pour pouvoir disposer de leurs terres, pour des raisons stratégiques ou économiques.

C’est pourquoi la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) a inscrit, comme inaliénables, les droits des peuples à se maintenir sur leur terre. Mais cet idéal n’a pas été respecté, et le nombre de cas dans lesquels des populations ont été expulsées par la violence de leurs propres territoires s’est multiplié de façon tragique. On ne peut rester insensible à ces déchirements ni à la langue pudique, sincère, et bouleversante de Caroline Laurent. Surtout si on a conscience que de tels faits et violences se déroulent encore, plus ou moins discrètement, et qu’on reste impuissant.

Pour ne pas rester dans le désespoir, ce livre nous conte en parallèle le combat héroïque d’un fils en colère, parti pour réclamer justice, presque 50 ans plus tard, à la cours de la Haye au cours d’un grand procès.

Quelque soit la réalité des compensations promises, il reste les blessures, les violences, la trahison des forces colonisatrices ou politiques, le mépris des nantis pour les peuples qui le sont moins, la manipulation, les secrets, … tant de choses qui me font vomir.

Merci aux 68 pour cette lecture de lumière, la colère ça fait du bien.

J’ai passé moi-même deux nuits agrippée à ces pages. – Martine Magnin

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Merci à Caroline Laurent pour ce voyage vers une destination jusque-là inconnue, et qui le serait sûrement resté  si je n’avais pas lu ce récit. Les Iles Chagos, un petit archipel dans l’Océan indien, où vivent sereines quelques familles autochtones, dont la vie est rythmée par l’arrivée des cargos qui amènent denrées et étrangers. Marie-Pierre Ladouceur succombe rapidement au charme de Gabriel, un mauricien qui débarque sur l’île pour venir en aide à l’administrateur colonial. Et succomber veut dire donner un frère à sa fille ainée. Ils s’aiment, sans aucun doute ces  deux-là, même si la « prématurité » de Joséphin, peut semer le doute.

Oui mais voilà, lorsque l’indépendance de l’Ile Maurice est décrétée, les Iles Chagos sont vendues à l’Angleterre pour en faire une base militaire. C’en est fini du paradis, c’est même l’enfer qui attend les Chagossiens, l’enfer dans les bidonvilles de Maurice où ils sont ignorés, dans ressource et sans possibilité de travailler. La ferveur et le militantisme de Marie-Pierre suffiront-ils à avoir gain de cause?

Ce récit basé sur des faits historiques est d’une part très instructif, puisque c’est l’existence même de ces îles que l’on découvre, ainsi  que l’histoire de la décolonisation britannique. Mais on succombe aussi au romantisme de la liaison  amoureuse de Marie-Pierre et Gabriel, parfaitement intégrée dans le récit et qui lui confère ce qu’il faut d’humanité pour être autre chose que le rapport de faits anciens, goutte d’eau dans l’océan des abjections de l’iniquité coloniale.

J’ai énormément aimé ce récit, que l’auteure nous confie avoir entendu de la bouche de sa grand-mère mauricienne, renforcé par une sérieuse documentation pour analyser ces données historiques. Superbe. – Chantal Yvenou

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Chagos, Maurice, Océan Indien, autant de destinations paradisiaques qui nous font rêver… Mais pour Marie-Pierre Ladouceur se sont plutôt les noms du combat de sa vie…
Alors qu’elle a grandit sur l’île de Diego Garcia, qu’elle y passait des jours heureux, qu’elle y a vu naître ses deux enfants, Suzanne et Joséphin, qu’elle y chérissait la tombe de sa mère, Anglais et Américains l’ont forcé à quitter sa terre… Avec un simple baluchon, ses enfants sous le bras, Marie se retrouve à Maurice et ne pense qu’à une chose : son île…

Quel coup de cœur ! Quel coup au cœur !

Au-delà d’une vraie découverte d’une auteur toute en sensibilité, d’une plume fine et riche, d’une écriture poétique et percutante, c’est par une femme que j’ai été touchée…
J’ai lu, j’ai vécu, j’ai voyagé aux Chagos avec Marie. J’ai nagé dans ses eaux turquoises et flâner sur ses plages de sable blanc. J’ai vibré au son de son amour naissant. J’ai pleuré sur son sort terrible. Mais j’ai surtout admiré sa force, son courage et sa pugnacité.

Marie est une femme qui possède peu, mais a qui on prend tout. C’est une femme qui plie sous le poids de la trahison et du mensonge, mais qui se relève. C’est une femme dont la foi l’emporte dans une lutte sans concession.

C’est avant tout une femme qui hisse sur ses épaules une bannière bien lourde : celle de tous les exilés…

Une fois encore, un immense, immense, immense merci aux 68 premières fois pour avoir mis sur mon chemin ces pages d’une rare luminosité… – Audrey Thion

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C’est le récit d’un fait historique ignoré, d’une injustice. L’histoire d’un combat, de luttes, la chronique d’une révolte, de l’exil. L’odyssée d’une culture, le souvenir des ancêtres.Un portrait de femme. L’île Maurice… Goût de paradis terrestre me direz-vous ? Elle accède à l’indépendance en 1967, la Grande-Bretagne lui a rachetée un archipel, Diego Garcia à quelques milliers de kilomètre en prétendant que ce dernier était inhabité. Il servira de base militaire américaine dans l’océan indien. En réalité, un embargo se met en place jusqu’à ce jour de 1970 où ses habitants, les Chagos qui doivent leur nom à un navire et une souffrance, doivent évacuer leur île en à peine une heure. Ils seront ensuite envoyés dans des bidonvilles comme le camp Charrette, expression de la perte de leur culture, de leur identité, perdus dans leur détresse. Joséphin est le narrateur. Il va mener la lutte exhortée par sa mère, Marie, une femme libre et sauvage. Il raconte l’histoire de Marie Ladouceur, chagossienne, de Gabriel, venu de l’île Maurice, et de leur fils, Joséphin.

J’avoue apprécier l’écriture comme éveilleuse de conscience. Ce roman est un appel à la révolte et abonde d’humanité et de lumière. C’est une très belle fiction qui revêt la forme d’un documentaire instructif. Le 25 février 2019 la Cour internationale de justice de la Haye a estimé que le Royaume-Uni devait restituer l’archipel des Chagos à l’île Maurice. Cependant le combat continue car cet avis n’est que consultatif.

Si tout comme moi, vous méconnaissiez cette histoire, n’hésitez pas à vous jeter dans ce beau roman qui n’est cependant pas un coup de cœur pour moi. – Alexandra Lahcène

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Marie-Pierre Ladouceur vit sur l’archipel des Chagos rattaché à l’ile Maurice, alors sous influence britannique. La vie y est douce et sauvage, la tribu de Diego Garcia y habite librement, en toute quiétude.
Ce havre de paix est perturbé dans un premier temps par l’arrivée de Gabriel, venu de Maurice, pour seconder l’administrateur colonial.
Ce n’est que le début des bouleversements, nous sommes en 1967, l’Indépendance s’annonce, se confirme et les accords entre l’empire britannique et Maurice sont plus que discutables. Leur vie sera chamboulée, ils devront quitter leur archipel dans des conditions atroces. Mais ils continueront de lutter.
Sujet passionnant et véridique, quasi inconnu, qui mérite que l’on s’y plonge.
L’écriture est magnifique et romanesque, elle confirme le talent indéniable de Caroline Laurent, déjà repéré à la lecture de son premier roman , coécrit en partie avec Evelyne Pisier .
Addictif, bouleversant et criant de vérité. – Anne-Claire Guisard

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Diego Garcia une île de l’archipel Chagos rattaché à l’île Maurice, Je ne connaissais pas, n’en n’avais jamais entendu parler, si on retire la référence à l’île Maurice, je n’aurais pas su le situer dans l’océan indien.

Merci à Caroline Laurent, merci de faire connaître aux lecteurs ce drame vécu par leurs habitants qui à la fin des années 60 ont eu une heure pour empiler quelques affaires dans un drap avant d’être chassés manu militari par les anglais. Leurs chiens sont gazés, leurs animaux abattus, ils doivent abandonner non seulement leurs habitations, leurs morts mais aussi et surtout leur mode de vie.

Parallèlement à ce fait historique, Caroline Laurent nous raconte une merveilleuse histoire d’amour entre Marie-Pierre Ladouceur chagosienne de Diego Garcia et Gabriel créole mauricien.

Rivage de la colère est le meilleur livre que j’ai lu cette année 2020. Il ne faut surtout pas passer à côté. – Michèle Letellier

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« L’exil, c’est la nudité du droit. » Victor Hugo

« Ce n’est pas grand-chose, l’espoir. Une prière pour soi. Un peu de rêve pilé dans la main, des milliers d’éclats de verre, la paume en sang. C’est une ritournelle inventée un matin de soleil pâle. Pour nous, enfants des Îles là-haut, c’est aussi un drapeau noir aux reflets d’or et de turquoise. Une livre de chair prélevée depuis si longtemps qu’on s’est habitués à vivre la poitrine trouée. »

« C’est une histoire que me racontait ma mère. Pas un conte pour enfants, non, une histoire vraie, qu’elle grattait de temps en temps comme une vilaine plaie. Une tragédie insulaire. Les mères connaissent les berceuses et les sortilèges. Parfois aussi, d’une lumière dans le regard, d’une fêlure dans la voix, elles se trahissent. L’enfant devine un secret. Perçoit la colère. En grandissant les contours se précisent, les traits s’affirment jusqu’à devenir parfaitement nets : ce secret, c’est celui d’une souffrance. D’un arrachement. Une fille ne laisse pas sa mère souffrir. Alors, elle écrit. »

Alors la fille écrit. Elle écrit Rivage de la colère, un 2e roman qui vient confirmer ce que son 1er, Et soudain la liberté, nous avait laissé entrapercevoir : une écriture forte et sensuelle tout à la fois. Mais est-il exact de parler de roman quand Caroline Laurent, franco-mauricienne, vient fouir dans l’histoire de sa famille pour nourrir son récit ?

Oui, parce qu’elle tisse l’Histoire à une histoire au souffle remarquablement romanesque, parce qu’elle raconte des vies au travers du prisme de la littérature. Le message n’est que plus puissant quand la fiction charpente la réalité. Ceux d’entre vous qui ont lu Avant la longue flamme rouge de Guillaume Sire (Calmann-Levy) comprendront ; les autres, lisez-le.

Je ne vais pas vous mentir, les îles Chagos étaient pour moi une terra incognita. Je n’avais jamais entendu parler de ce petit archipel de l’océan Indien, de ce qui était arrivé à ses habitants à la fin des années 1960, au début des années 1970, de ce qui est encore de nos jours à l’œuvre et en souffrance.

En souffrance.

Quand, à l’été 1967, après 158 ans de domination britannique, l’île Maurice choisit par référendum de devenir indépendante, rien ne vient troubler le quotidien des Chagossiens, qu’ils soient de Diego Garcia ou des autres îles de l’archipel.

« Ça veut dire quoi, l’indépendance ? Qui est indépendant ? L’êtes-vous vous-même ? J’ai longtemps cru en ce rêve. Liberté, autonomie. […] Je crois que je me trompais. L’indépendance, je veux dire la pure, la véritable, l’absolue, n’existe pas. On est toujours le colonisé d’un autre. Ce constat nous oblige. »

 Ramgoolam devient le premier dirigeant de la République Mauricienne.  Et alors ? Faudrait-il s’en inquiéter ?

L’indépendance de Maurice a un prix. 3 millions de £ auront suffi pour que les îles Chagos, « mon pays volé », restent aux mains des Anglais avant d’être cédées pour 50 ans aux États-Unis désireux d’y installer une base militaire. Venu seconder Mollinart, l’administrateur de l’île, Gabriel Neymorin le sait, le tait.

Il le tait à Marie-Pierre Ladouceur, fière Chagossienne, forte et libre, dont il s’est épris le jour même de son arrivée à Diego Garcia et avec qui il a eu un fils, Joséphin.

L’amour peut-il résister au déchirement d’avoir été trompée ?

« The course of true love never did run smooth. » Shakespeare – A Midsummer Night’s Dream

Un peuple peut-il survivre au déchirement d’avoir été arraché à sa terre ? Sa terre.

« Des îles où le temps s’écoulait sans hâte ». Diego Garcia, sa mer turquoise, son sable blanc, sa douceur lumineuse, ses traditions, ce paradis à jamais perdu le jour où les habitants sont évacués, massés de force dans la puanteur suffocante de la cale du Nordvaer avant d’être débarqués, épuisés, affamés et hébétés, à Port-Louis, sans ménagement ni ressources, avec pour seul bien le maigre baluchon fait à la va-vite, en moins d’une heure, sous la menace d’un fusil.

Gabriel est resté à Diego Garcia le temps d’expédier les dernières affaires courantes alors qu’à Maurice, Marie, Joséphin et Suzanne, sa demi-sœur fiévreuse et délirante, et les leurs s’entassent dans un bidonville insalubre.

Le désœuvrement d’abord.

L’alcoolisme ensuite.

Une lueur d’espoir vient d’Évelyne, la sœur de Gabriel. Elle aide Marie et Joséphin, offrant à l’une un travail à l’autre une instruction, sans parvenir à calmer la juste colère de Marie qui entame une grève de la faim. Peut-on empêcher un peuple de vivre là où est sa terre ?

« Tu comprends, Joséphin ? Tout n’est pas à vendre. On n’achète pas la dignité. On n’achète pas un pays. On n’achète pas l’âme ou la foi. Certaines choses sont sacrées et doivent le rester. »

Marie vieillit. Joséphin grandit. Il est à lui seul ce chœur antique dont la voix s’élève lors de brefs chapitres qui rompent et rythment le cours du récit pour nous ramener au temps présent. Ce choix narratif de mêler les voix, l’une passée, l’autre contemporaine, est tout à fait judicieux.

Joséphin est librement inspiré d’Olivier Bancoult, Chagossien expulsé de force à l’âge de 4 ans. Il est aujourd’hui à la tête du groupe Réfugiés Chagos qui se bat pour obtenir justice et ces intermèdes qui font entendre sa voix sont ce qui donne son ossature au récit. Ils incitent à réfléchir sur ce qui nous lie à une terre, à une famille, sur ce qu’on hérite ou non, sur la dépossession, sur le souvenir de ce qui a été et ne sera plus.

« Comment appelle-t-on la mémoire de ce qui vient ? Il faudrait inventer un mot, oracle et divination ne conviennent pas, inventer un mot pour dire cette mémoire compacte qui embrasse le futur. Se souvenir de ce qui va arriver et qu’on ne vivra pas. »

Joséphin, qui a vu sa mère se battre chaque jour sans désemparer, continue la lutte, une lutte de 50 années qui n’a toujours pas vu les Chagossiens revenir chez eux. Comment convaincre quand les faits dépassent l’entendement ?

« Comme cette période a été difficile, Maman. Ces cinq premières années de notre arrivée à Maurice… Un enfer. Rien ne t’a été épargné. Lorsque je raconte, lorsque je témoigne, les gens doutent de moi. L’acharnement du sort sur nos épaules fatiguées… Pour eux, tout ça est peu crédible. […] Au fil des années, j’ai appris à doser mon récit. Je trie les malheurs selon la sensibilité de chacun. C’est mon petit marché de la douleur, […]. »

Des avis favorables, mais non contraignants, sont rendus, des résolutions sont prises, ici à la Cour internationale de Justice de La Haye en février 2019, là à l’Assemblée générale de l’ONU à New York trois mois plus tard, sans que le Royaume-Uni ne daigne s’y conformer. Pire que le mépris, l’arrogance.

« La justice est la méchante sœur de l’espoir. Elle vous fait croire qu’elle vous sauvera, mais de quoi vous sauvera-t-elle puisqu’elle vient toujours après le malheur ? »

Si Rivage de la colère est un roman d’amour, celui de Marie pour Gabriel, celui des Chagossiens pour leur terre perdue, celui d’un fils pour sa mère, il est aussi celui d’une tragédie, humaine bien sûr, mais aussi politique. Il est aussi le roman de la transmission, la transmission de ces « vilaines plaies », de ce bâton de pèlerin que l’on se passe de main en main, de génération en génération pour que quelqu’un continue le chemin, pour que le temps ne fasse pas son œuvre et que l’oubli n’abolisse pas la colère.

« Je dirai aux juges d’où je viens. Je leur parlerai d’un pays qui laissait vivre ses enfants, qui ne les affamait pas, qui respectait leur mémoire. Mon pays volé. Je leur ferai entendre la fêlure dans la voix de ma mère. Je leur dirai pourquoi ma vie n’est pas de vivre, mais seulement de me battre. Pas une vie gâchée, non. Une vie donnée. Dédiée. Je lutte depuis le premier jour. C’est inscrit en moi. »

Ne jamais renoncer, malgré l’envie de céder à l’épuisement d’années de lutte à l’issue incertaine.

« Qu’il est long, le chemin pour rentrer chez soi. Long et incertain. Tissé d’épreuves, de duels et de silences. Je me sens soudain fatigué. […] Y a-t-il un instant dans une vie où on se dit : ça y est, j’arrête, c’est terminé ? À quel moment sait-on qu’il n’y a plus rien à faire sinon soulever son chapeau, merci madame, merci monsieur, et s’en aller ? Si rien n’est réglé de cette histoire avant ma mort, je reviendrai hanter les couloirs des tribunaux. De mes os nus je creuserai la terre jusqu’à rejoindre le cimetière de Diego Garcia. Alors, enfin, je pourrai me reposer. »

On est tous convaincus que « this case is a winning case » et on comprend mal pourquoi il ne le serait pas ! Pourtant, à l’heure où j’écris, alors que les délais accordés au Royaume-Uni sont depuis longtemps dépassés, les Chagossiens sont encore un peuple en exil. Toujours déterminé, mais encore déraciné.

La littérature a ce pouvoir de porter à la connaissance de tous des faits historiques au mieux méconnus, au pire ignorés. Comme je l’écris souvent : raconter, ne jamais cesser de raconter. – Christine Casempoure

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Premier coup de cœur de l’année, un merveilleux livre et un roman vraiment intéressant que chacun de nous devrait lire. L’injustice est courante dans notre monde, et nous sommes souvent bien loin d’imaginer ce qui se trame par-delà les mers. Caroline Laurent nous en confie un bel exemple. Ce récit, elle le tient de sa mère qui fut témoin de ces années terribles durant lesquelles, les habitants de Chagos, archipel perdu dans l’océan indien, plus particulièrement les gens de Diego Garcia la plus grande de ses îles, furent chassés de leur lieu de vie, exclus de leur île où ils vivaient simplement sans argent, profitant des bienfaits de la nature et échangeant le coprah qu’ils produisaient contre des denrées. Cette terre de leurs ancêtres, elle leur fut volée lorsque L’île Maurice, ayant obtenu son indépendance en 1968 dut céder l’archipel aux britanniques qui le louèrent aux Américains afin qu’ils y construisent une base militaire. Les familles furent déportées à Maurice et abandonnée à leur sort, elles se logèrent dans les bidonvilles. Ce récit sous forme de roman, raconte l’histoire de Marie qui aura un enfant de Gabriel, un Mauricien employé sur Diego Garcia comme secrétaire du représentant de l’île Maurice, et de sa famille. Avec les protagonistes, on respire, on accueille ce que Diego Garcia offre, on pleure les victimes de la colonisation, on se révolte de tant de cruauté et d’indifférence à l’égard des apatrides que deviennent les chagossiens. On apprend beaucoup, on participe au combat des chagossiens qu’on a tenté de tromper, profitant de leur illettrisme, leur promettant des sommes importantes en dédommagement,  car depuis les années 70, les chagossiens luttent pour retrouver la terre de leurs ancêtres, la retrouveront-ils un jour ?  Ce récit m’a amenée à me documenter sur ce  combat inégal, et difficile. En cherchant des renseignements, on apprend qu’en 2016, les britanniques ont reconduit le bail des Etats-Unis pour vingt  ans. Toutefois l’espoir est permis : en janvier 2020, Maurice annonce la possibilité de porter plainte contre les responsables britanniques pour crime contre l’humanité, et le 25 mai 2020, une nouvelle carte publiée par l’ONU fait apparaître l’archipel comme territoire Mauricien.

J’espère que beaucoup liront ce roman, ne serait-ce que par compassion pour ces gens à que l’on a spoliés, privés de leurs identité et de leurs ancêtres. – Roselyne Soufflet

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Un bon roman est parfois plus parlant qu’un article choc. En s’emparant de l’histoire méconnue et dramatique des Chagossiens, Caroline Laurent leur offre une visibilité bien plus forte que n’importe quelle brève de journal.

Quelques îles perdues dans l’océan Indien, mer turquoise, plages de sables blancs, végétation luxuriante… l’archipel des Chagos avait tout du paradis sur terre. Oui, « avait », car aujourd’hui, c’est fini. Les îles sont toujours là, mais elles ont perdu leur âme. Les habitants ont été déportés à la fin des années 1960, forcés de quitter leurs terres, d’abandonner leur vie et leurs ancêtres pour rejoindre l’île Maurice, où personne ne les attendait.

La raison de cet exil ? L’accord secret entre les Britanniques et les Américains autorisant ces derniers à installer sur Diego Garcia, l’île principale de l’archipel, une base militaire. Un mic-mac politico-judiciaire par lequel les Britanniques ont détaché l’archipel de la souveraineté de Maurice au moment de l’indépendance de cette dernière, en faisant un territoire restant sous domination de la Couronne mais sans donner la nationalité aux habitants, qui n’ont jamais eu leur mot à dire sur leur avenir.

Se basant sur ces faits réels, Caroline Laurent construit un roman où se mêlent deux temporalités, l’époque du drame, de 1967 à 1975, et l’époque récente, lorsque le dossier est présenté à la Cour internationale de Justice de La Haye. Le cœur de Rivage de la colère est néanmoins bien le tournant des années 1970, lorsque le drame se noue puis éclate.

Le roman était une bonne manière d’interpeller sur ce fait historique méconnu. Néanmoins, je suis perplexe quant au choix d’alterner les narrateurs : pour les épisodes liés aux années 1967-1975, il est extérieur, pour les coupures contemporaines, il s’agit du fils des deux héros, qui parle à la première personne. Ça n’apporte rien à l’intrigue.

J’ai lu Rivage de la colère en restant totalement extérieure au drame que vivaient les Chagossiens et aux péripéties qui animent le roman. Il faut dire que j’ai trouvé les personnages un peu fades mais pas du tout attachants. Cependant, malgré cette note négative, je suis très contente d’avoir eu l’occasion de lire ce livre car il m’a permis de découvrir un événement historique qui m’était totalement inconnu et qui mérite d’être porté en plein jour. – Claire Séjournet

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J’ai refermé ce livre il y a quelques jours et je suis restée choquée pendant tout ce temps .

J’ai beaucoup aimé l’histoire d’amour. En revanche, je suis révoltée par la partie historique, la vraie, celle qui a inspiré ce roman. Réaliser que des êtres humains ont pu faire une chose si horrible à leurs semblables, c’est inimaginable. Du moins pour moi.
Comment comprendre que le gouvernement britannique ait pu faire subir tout ce qui est décrit :
Travestir la réalité, mentir face aux Nations Unis [  » L’ONU a donné son accord pour créer la base américaine uniquement parce qu’il n’y avait pas de population autochtone sur l’île… »], chasser de leur île 2000 Chagossiens après les avoir affamés, les laisser sans ressources tenter de survivre à Maurice ou aux Seychelles, [ » Quand on a été forcé de partir, on a perdu tout ça. On a perdu nos biens matériels et immatériels ; on a perdu nos emplois, notre tranquillité d’esprit, notre bonheur, notre dignité, et on a perdu notre culture et notre identité «  ]. Nier leur responsabilité dans cette affaire et faire appel de chaque décision de justice, voire même proclamer deux décrets royaux . . [« La gifle finale, c’est juin 2004. Deux  » orders in council » de la reine Elisabeth. Des décrets qui reviennent sur la décision de la Haute Cour de Londres. » ]

Et tout ça pour quoi ?
Pour une base militaire américaine, soit disant stratégique pour la sécurité mondiale. . .

« Tu comprends Josephin ? Tout n’est pas à vendre. On n’achète pas la dignité. On n’achète pas un pays. On n’achète pas l’âme ou la foi. Certaines choses sont sacrées et doivent le rester. « 

Un roman à lire , à faire lire pour continuer nous aussi à dénoncer ce scandale. Car ce n’est pas fini… l’île est encore « louée  » aux états-unis ! – Marie-José Severin

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« Le courage est l’arme de ceux qui n’ont plus le choix. Nous serons tous, dans nos pauvres existences, courageux à un moment ou un autre. Ne soyez pas impatients. »

Ne jamais renoncer. Ils tambourinent fort ces mots depuis que j’ai refermé ce roman.

Bien sûr  je ne connaissais rien de cette histoire, et  toute mon ignorance recouvrait jusqu’à l’existence de l’archipel des Chagos, «  désert au milieu de l’océan ».

Cette œuvre aura comme indéniable valeur d’apprendre aux lecteurs un événement désolant de l’Histoire, d’un peuple déraciné au profit de puissants et de l’argent, vache d’or de notre société contemporaine.

La concision est un exercice difficile, qui ne paye pas toujours dans le roman. Ici l’équilibre est parfait. Le concis sert un propos qui rend limpides les faits et l’intrigue ; il se donne vif et plein, animé d’une honnêteté intellectuelle et d’un désir tenace à rétablir une vérité, à consoler les gens aimés, à éclairer une cause et nous rattacher au sentiment humain commun. Et plus que tout le concis ne dessert pas l’écriture. Les mots disent, résonnent, émeuvent et à l’aide de phrases courtes touchent, telles des flèches sifflantes et droites, leur cible pour ouvrir la voie du sens en plein cœur : nous apprenons en ressentant.

Un jeu de lettre aurait suffi à dire le ravage d’une colère. Mais c’est justement parce que la colère est saine, légitime, qu’elle ne se transforme pas en vengeance mais bien en un chant pour la vie, pour la terre, la nourricière, la fondatrice, l’élémentaire. Cette colère devient rivage car elle ne s’enroule pas sur elle-même sans non plus être dupe de la réalité cruelle : elle s’arme de rage pour défendre des vies, un honneur, et que nous restions droits, droits sur le rivage ou le regard porté vers celui à rejoindre. « La justice est la méchante sœur de l’espoir. Elle vous fait croire qu’elle vous sauvera, mais de quoi vous sauvera-t-elle puisqu’elle vient toujours après le malheur. Un verdict, ça ne répare rien. Ca ne console pas. »

Rivages à longer, comme le long voyage sinueux, endurant que Joséphin empreinte pour respecter sa promesse et reprendre le flambeau d’un combat familial. « Qu’il est long, le chemin pour rentrer chez soi. Long et incertain. Tissé d’épreuves, de duels et de silences. Je me sens soudain fatigué. (…) Y a-t-il un instant dans une vie où on se dit : ça y est, j’arrête, c’est terminé ? A quel moment sait-on qu’il n’y a plus rien à faire sinon soulever son chapeau, merci madame, merci monsieur, et s’en aller ? Si rien n’est réglé de cette histoire avant ma mort, je reviendrai hanter les couloirs des tribunaux. De mes os nus je creuserai la terre jusqu’à rejoindre le cimetière de Diega Garcia. Alors, enfin, je pourrai me reposer. »

Rivages à quitter et rejoindre ceux de la paix, de la sérénité retrouvée, c’est l’espoir encore fondé aujourd’hui. Rivages toujours à regagner quand la houle frôle avec le danger, tentation des abysses et fuir alors les peines dévastatrices, les arrachements innommables. La colère fonde le cri nécessaire du NON et le Non à opposer aux injustices exige une voix, l’élévation d’une parole. Oui plus que jamais la colère est  socle d’une subjectivité qui nous rappelle à son droit à l’existence singulière : essentielle pour signer l’unicité d’une vie. Les rivages qui nous sont contés ne sont pas paradisiaques et le combat est long, éreintant, dangereux dans l’endurance qu’il impose malgré sa noblesse. Pourtant je ne crois pas me tromper en pensant que nous serons beaucoup à envier la solidarité, l’énergie, l’élan qui y dansent malgré les drames. La pulsion de vie bat chaque mot de cet ouvrage, chante les lignes, anime les silences, ravive, soulève, agite.

Quelle force que Marie, femme aux pieds nus ! Quelle brillante idée que la douceur maternelle pour insuffler et inspirer ce roman à l’auteure et transmettre la nécessité d’un savoir politique dans les plaisirs enchanteurs du conte à partager, d’une histoire de femmes et d’un amour éternel.

Au-delà de la qualité pédagogique par ailleurs essentielle, laquelle nous rappelle la répétition de ces peuples exilés, oubliés, ignorés, Caroline Laurent réussit l’exploit de nous émouvoir  intensément dans un grand souffle romanesque. Elle nous livre une parole directe, humble, authentique et nous invite dans un respect mutuel, à travers la fiction admirablement tissée, à ne jamais oublier  les cruautés, trahisons qui violentent et avilissent toujours dans notre monde. « Ils savaient, et il se sont tus. Ils pouvaient aider, et ils ne l’ont pas fait. Ils ont asséché les corps et les esprits. Leur indifférence était un crime. Les puissants, Maman, ces ombres fantomatiques qui hantent les palais. Des hommes qui dorment la nuit sur leurs deux oreilles. Des serviteurs de l’Etat. Des têtes couronnées. Nos seules couronnes à nous étaient celles de nos morts. »

 Judicieusement elle alterne les voix de Joséphin adulte, voix contemporaine à la nôtre, celle de Marie qui veille, et la voix plus narrative de la fiction à dérouler. Les liens filiaux, fraternels, amoureux tissés admirablement dans ce roman n’idéalisent aucun des protagonistes, n’oublient pas les zones ombrées et lâches qui nous composent tous ; ils nous troublent d’autant que ces caractères imparfaits deviennent héroïques dans le courage à reconnaître leurs erreurs et surtout, surtout dans la dignité incarnée, à chaque instant, dans l’espoir à ne jamais abandonner. Plus encore se souvenir que la dignité est inhérente à chaque être humain, inaliénable : toutes les épreuves humiliantes traversées par les personnages ne suffira jamais à leur retirer leur regard, leur instinct de survie et de lutte. Alors pour faire simple : ce roman est superbe !

« L’espoir, c’est l’ordinaire tel qu’il devrait toujours être : tourné vers un ailleurs. Pas un but ni un objectif, non, un ailleurs. Un lieu secret dans lequel, enfin, chacun trouverait sa place. Un lieu juste. »      –    Karine Le Nagard

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Un premier roman, mais pas tout à fait car Caroline Laurent avait déjà publié à quatre mains avec Evelyne Pisier, « Et soudain, la liberté« , texte dont j’avais apprécié la lecture. Cette fois, elle nous parle avec du romanesque d’un épisode historique, qui s’est passé au lendemain de l’indépendance de l’Ile Maurice, en 1967. Un des faits collatéraux, un méfait de l’indépendance et une négociation secrète entre les indépendantistes mauriciens, les Anglais et les américains. Comme souvent, des négociations d’ordre économique, territorial qui ne prennent pas en compte les hommes et femmes. De façon remarquable et romanesque, Caroline Laurent réussit à narrer ce fait historique méconnu, du point de vue de personnages touchants, sensibles. Une belle réussite. Un pan de l’histoire occulté mais grâce à l’obstination d’êtres debout, courageux, vaillants, une reconnaissance par la justice internationale a pu être possible, même si rien ne peut réparer, cela peut être dire aussi « jamais plus », mais pas sûr. Car c’est relativement proche puisque que ce terrible épisode s’est passé en 1967. Un paradoxe de l’histoire : car 1967 est une date importante pour l’Ile Maurice et son indépendance mais des laissés pour compte pour des intérêts « supérieurs. Mais ce texte n’est pas seulement un cri c’est aussi de belles histoires d’amour et de partage d’idéaux. Un très réussi premier roman.- Catherine Airaud

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Il y a 50 ans, une petite poignée d’îles faisait l’objet d’un sordide marchandage politico-économique entre les britanniques, les USA et l’île Maurice dans l’ignorance et l’indifférence générale. Les habitants des îles Chagos furent contraints d’une façon honteuse, inhumaine à tout quitter pour être littéralement abandonnés à leur sort sur l’Île Maurice où rien n’avait été prévu pour eux, où rien ne les attendait sauf la misère dans un bidonville…

Sur cette trame historique Caroline Laurent a construit un roman absolument magnifique. Une histoire d’amour, d’exil, de révolte et de colère où la solidarité et l’opiniâtreté, la fierté et la dignité des personnages se conjuguent à l’amour de leur terre et de leur culture. Eussent-ils été blancs que rien ne se serait passé ainsi. Les relents nauséabonds du colonialisme ont eu la vie dure dans ces îles lointaines, petit paradis pour les îlois, enjeu stratégique pour les grandes puissances pour qui une poignée d’hommes et de femmes noir.e.s ne pouvait pas être un obstacle…
L’autrice a créé des personnages forts qui pour moi incarneront à jamais les chagossiens. Je n’oublierai pas Marie-Pierre, Gabriel, Joséphin et les autres. J’ai été en colère tout au long de ma lecture tant ces personnages ont pris chair et vie sous la plume de l’autrice, j’ai eu le cœur chaviré par leur sort et par cette histoire d’amour compliquée entre Marie-Pierre l’îloise et Gabriel le beau mauricien à la peau dorée. J’ai aimé ces pages qui s’intercalent dans le roman, dans lesquelles Joséphin tant d’années après, en route pour La Haye, et la Cour Internationale de Justice, raconte avec délicatesse et humilité son combat, sa fidélité aux idéaux de sa mère, sa fierté.

Un grand coup de cœur pour ce roman vibrant d’émotion. – Catherine Dufau

4 commentaires sur “Rivage de la colère – Caroline Laurent

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