“ C’est le début. L’absence de sensations. Les inquiétudes irrationnelles. La peur que, soudain, tout s’arrête. Alors, stupéfier les joies dans le sillon des lendemains incertains. Ne pas s’amouracher d’un tubercule en formation, c’est bien trop ridicule et puis, sait-on jamais, il pourrait. Mourir. Je me sens coupable. D’un bonheur qui ne vient pas. Je me sens coupable. Des larmes insensées alors que je devrais sourire. Et puis, ce matin-là, j’entends. Entre les quatre murs silencieux qui ne voient pas le désordre alentour, j’entends. Le balbutiement de son cœur.”
Voilà un livre qui ne peut pas laisser indifférent, un livre qui bouscule et qui dérange.
Par la crudité des mots d’abord, par la remise en question du « que du bonheur » obligatoire après la naissance d’un enfant, par tout ce que l’auteure dit sur la sexualité . Toutes les idées reçues sont passées au laminoir dans une langue imagée et crue .
Virginie Noar ose tout .
Le Corps d’après, c’est celui de l’héroïne du livre, après l’accouchement du 1er enfant.
Je pense que beaucoup de femmes se reconnaîtront dans ce qu’elle dit du bouleversement que peut provoquer l’arrivée du premier bébé qui va faire d’elles la mère qu’elles ne sont pas encore : Le corps meurtri, dont elle se demande s’il redeviendra un jour comme avant (au début du livre, on est avec l’héroïne du roman, dans la salle de bain, juste après l’accouchement, dans le sang et la peur, une vraie scène primitive), la peur de ne pas savoir s’y prendre, la peur de ne pas arriver à être mère. Très fort aussi comme elle exprime sa panique devant ce bébé totalement dépendant d’elle, du pouvoir que cette dépendance lui donne sur lui, la peur de cette effrayante responsabilité aussi.
Tant il est vrai que la naissance de l’enfant signe la fin de l’insouciance.
Tout est dit aussi sans tabou de la perte de liberté qu’implique cette dépendance pour elle, et dans cet amour fou qu’elle sent monter en elle pour l’enfant.
Pour ne citer qu’un passage : sur la table de nuit, un petit comprimé blanc, blanc comme du lait . Si elle le prend, elle arrête la lactation, c’est le dilemme » sein ou biberon » qui se pose là de façon particulièrement imagée.
Ce livre est très riche, il aborde aussi le problème du bouleversement de la sexualité du couple après la naissance.
C’est un livre qui s’adresse à toutes les femmes – beaucoup je pense se reconnaîtront en elle – et aux hommes aussi .
Un livre aussi très personnel, la naissance de ce premier enfant fait revivre la petite fille qu’elle a été, et cette résurgence du passé nous permet de mieux comprendre encore les émotions que provoque la naissance de l’enfant.
En fait ce roman est celui d’un accouchement, oui , mais surtout celui de l’accouchement d’une femme à son vrai « moi « ,à ses désirs à elle, indépendamment de ce que la Société attend d’elle.
Juste une petite réserve personnelle, à la fin du livre, un passage que je trouve un peu exhibitionniste, je pense que le livre aurait gagné à être plus bref.
Peut-être aussi par moment un langage un peu trop sophistiqué …
mais ne boudons pas le plaisir d’être remué par ce premier roman qui, pour moi, est une réussite.
Une écriture très personnelle et beaucoup de culot, merci Virginie Noar. – Monique Poncet Montange
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Le corps d’après est le récit d’un enfantement, et d’une lutte. Contre les injonctions, le bonheur factice, le conformisme, les corps asservis. Au bout du chemin, pourtant, jaillit la vie. Celle qu’on s’invente pied à pied, coûte que coûte.
Un texte brut, cru sur la douleur d’être mère, femme, la peur, la dépossession de son corps par une société masculine remplie d’obligations et d’injonctions, sur la place de la femme dans cette société, la peur et la difficulté à inventer sa propre voie, à oser se faire confiance.
En parallèle à ce cheminement, la narratrice dont on ne connait pas le prénom livre des bribes de son enfance, une enfance difficile qui a conditionné la femme qu’elle est devenue, ainsi que sa sexualité.
Une écriture haletante, hachée, singulière, puissante, dérangeante pour un rapport au corps que j’ai personnellement trouvé surprenant…Des mots durs, brutaux, parfois même excessifs à mon goût et quelques (trop)rares moments de douceur …- Catherine Dufau
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Quel bel hommage à la Femme !
Je ne sais même pas par où commencer tellement ce roman-manifeste est dense. Surprenant aussi dans l’écriture, sa forme est originale.
J’ai pensé à un assemblage de mots (d’idées) qui rappelle le Slam . Ce fameux mouvement poétique très rythmé qui se passe aussi sur scène.
Déroutant aussi avec des bouts de mots, posés sur la ligne comme pour marquer l’importance de chaque item.
L’auteure travaille auprès de femmes et cela se ressent dans sa façon de les décrire, les sublimer surtout.
Moi-même en tant que maman, je n’ai pu que me remémorer ces instants où la vie prend forme dans notre utérus, où l’angoisse nous tenaille, mais aussi la peur, la joie, le doute. La similitude s’arrête là.
La narratrice (qui n’est pas nommée) est morcelée. Un peu comme dans un syndrome schizophrénique. Elle se définit avec plusieurs corps/fonctions (sexué, médical, transgénérationnelle vis à vis de sa mère…).
Cette narratrice est aussi en colère. Tout au long de sa vie, elle se rebelle.
Le ton est cru, sans filtres mais riche en émotions. Voire parfois trop, ça déborde. J’ai finalement eu peu d’empathie pour l’héroïne. Elle donne cette impression de parler au nom de toutes les femmes, cela donne donc une distance.
C’est presque un pamphlet, le féminisme qui parle à tous, surtout pour sortir de ses idées reçues.
Attention, le ton et intime et brusque, il faut savoir apprivoiser ce texte.
Sacré coup de poing – Catherine Quart Foisset
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Le corps d’après, d’après grossesse, d’après accouchement.
L’auteure zappe sur différentes périodes de sa vie, son accouchement, son enfance, sa période porno/internet, sa mère, ses rencontres, le père de son enfant…
Je ne sais que penser de ce livre. Le fait qu’elle parle au nom de toutes les femmes m’a gênée.
Même si son livre est puissant, aborde des problèmes concernant une grande majorité de femmes, j’aurais préféré qu’elle parle d’elle. On s’y serait reconnu ou pas.
C’est un livre qui pousse les femmes à se rebeller et c’est très bien, il y a des choses à changer dans le domaine gynécologique. Mais j’ai trouvé son livre très pessimiste. – Michèle Letellier
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Ce n’est pas un roman. C’est un témoignage, un manifeste, un cri déchirant, très personnel, dans lequel je me suis souvent reconnue. J’applaudis que Virginie Noar ait osé dire ce que j’avais enfoui au fond de ma mémoire en pensant avoir vécu quelque chose d’unique.
Elle relate ce qu’un accouchement peut avoir de tragique. Elle dénonce les diktats d’une médecine mécanique. Elle exprime bien entendu le désarroi (légitime) de l’accouchée débordée par les événements et qui au final devient une mère.
Ce n’est pas écrit à l’eau de rose. C’est poignant. Magnifique. Essentiel.
A mettre en parallèle avec les livres publiés par Martin Winckler. Ce médecin a écrit avec beaucoup de justesse sur ce sujet (et aussi sur le désarroi des médecins, et sur la fin de vie), notamment Le corps des femmes, chez P.O.L. et qui lui est un « vrai » roman. – Marie-Claire Poirier
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Forte et fragile, provocante et sensible la femme de ce livre se cherche, cherche à apprivoiser cette féminité tapie entre ses jambes ;
L’exposer, en jouir, la taire …être libre de la soumission consentie au désir, à l’homme, à l’enfant.
L’écriture est forte, hurlante parfois pour dire l’inacceptable subi, l’instrumentalisation des corps, la déshumanisation des soins, la machine et ses paramètres qui remplace l’homme et ses regards bienveillants.
L’auteure va au profond de l’intime, au cœur des ressentis doux ou violents pour dire le vrai, le vécu, le difficile, le pesant, le magique aussi, loin des clichés de la maman extatique son bébé dans les bras.
Une femme est tout cela : regardez-nous, écoutez-nous, aimez-nous si vous voulez mais surtout respectez nous …. – Christiane Arriudarré
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Un livre ambitieux par le thème et l’écriture, et qui navigue entre roman, témoignage et manifeste féministe.
Un livre que j’ai beaucoup aimé, bien que agaçant comme son héroïne, femme pleine de contradictions, de générosité, débordant de certitudes et d’hésitations.
Débordant, voilà le mot. Les émotions jaillissent à tout bout de page, l’héroïne est un être de passion, qui nous livre les bouillonnements à l’intérieur de son corps, de l’adolescence à la maternité.
Il s’agit d’une femme en construction, morcelée, une femme-caméléon, une femme qui ne connait pas les frontières de son corps. J’ai eu l’image d’une maison avec des portes battantes et des fenêtres entrebâillées, des volets qui claquent, des clés qui ouvrent et ferment des serrures.
Comment en est-elle arrivée là, l’auteure ne l’explicite pas, juste quelques références à sa mère. Quel parcours de vie peut mener à une telle incomplétude, voire schizophrénie ?
D’un chapitre à l’autre, avançant ou reculant dans le temps, j’ai découvert le corps pluriel de cette femme.
Il y a le corps sexué, le corps-plaisir, celui qui est ouvert à toutes et à tous, celui où tout est permis, y compris de jouer avec la douleur, corps parfois pathétique dans sa recherche de l’ivresse.
Le corps-objet médical, qui peine à s’entrebâiller, où les soignants entrent par effraction, avec lequel elle se sent impuissante, en colère, humiliée.
Le corps maternel, corps-girouette balloté, proie des injonctions sociétales et des convictions intériorisées : la puissance physique du corps de la femme, capable de l’enfantement, capable de nourrir l’enfant.
Le corps-malade, outil pour se faire aimer de sa mère.
En quoi tous ces corps habités par la même femme sont-ils si différents ?
Oui, cette femme est complexe, comme tout être humain, et je peux me reconnaitre en elle, car qui n’a pas douté de son corps, que ce soit à l’adolescence (ou à la vieillesse), devant la maternité (ou la maladie), à propos de sa sexualité, féminine ou masculine. Toutes et tous nous traversons ces questionnements, en cela, ce livre pose des questions essentielles.
Là où ce livre m’est étranger, c’est quand l’héroïne généralise ses sentiments, ses opinions, à l’ensemble des femmes, quand elle dit « nous » au lieu de « je ».
Elle est persuadée s’être déconstruite par rapport à sa mère, à la société, et avoir accédé à la liberté d’être elle-même, mais je m’étonne qu’elle reste sujet de croyances comme l’instinct maternel et qu’elle confonde autodétermination et individualisme.
Bref, j’ai beaucoup aimé ce livre ! – Dominique Aldeving
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Quel beau premier roman, hymne à la vie, l’envie, le désir. L’avant, l’après du couple, de la mère en devenir, de ce bébé en création devenu poupon glouton, indissociable de la mère créatrice, apeurée encore par ces premiers balbutiements, lents, à dupliquer pour y trouver un rythme naturel. Le corps d’après c’est tout ce qu’on ne dit pas sur l’enfantement à venir. C’est le désir fou, fort de deux amants devenus amoureux qui concrétisent un trois pour l’instant en stand by. Ce corps à corps flamme incandescente, ce désir indomptable, insoumis, libre. Ce sont ces injonctions médicales qui prennent le pas et imposent le dénuement de la femme objet. C’est la peur de devenir cette mère imparfaite et non née qui prendra chair et vie en même temps que l’enfant roi, lumière et guide. Et puis c’est cet après à reconstruire, du corps et du désir, du trois nouveau. Ce sont ces gestes à apprendre et cette fusion évidente à vivre. Et cette femme pleine, devenue autre, à accepter dans son désir complet. L’écriture est rapide, hachée, belle et pleine, insoumise, imparfaite aussi parfois pour dire ces maladresses de mère détresse. Devenir mère n’est pas une évidence. Rester femme désirante non plus. C’est un indispensable à lire pour toutes celles et tous ceux qui croient à la liberté d’être et de devenir celle qu’on veut… « notre désobéissance est œuvre, notre insoumission nécessaire, notre corps le rempart d’une lutte obligée » le fol amour qui dompte le corps, de jouissances absolues se transforme en cruautés nécessaires pour expulser l’amour, la vie. Et retrouver ce corps ardent, autrement. J’ai adoré, vous l’aurez compris. Lu dans le cadre des 68 premières fois, merci les fées pour ces écrits libertaires et nécessaires, pour ces mots impacts. Quant à vous, Virginie Nvous avez donné aux femmes leur puissance méritée. – Alexandra Com
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