La fille du van – Ludovic Ninet

La crinière rousse de Sonja, les yeux bleu de Pierre, et les vides, les manques, les images qui hantent leurs nuits et parfois leurs jours… Le premier roman de Ludovic Ninet émeut avant tout par l’humanité qu’il dégage, et sa fragilité qu’il révèle.

La fille du van

« Un premier roman époustouflant où Ludovic Ninet sonde l’intime de ces survivants de leur passé qui ne se laisse pas oublier. Une superbe chronique sur des gueules cassées qui essaient grâce à l’amitié et l’amour de fendre l’armure de mort-vivant pour essayer tout simplement de vivre… ». Lire le billet coup de cœur de Colette Lorbat

Ce livre est comme une blessure à vif qui ne s’est jamais refermée. En brossant le portrait d’un trio de héros cabossés, malmenés par la vie, mais qui tentent d’aller farouchement de l’avant, Ludovic Ninet nous parle d’une société en mal de repères et de réconfort. Mené à la façon d’un thriller âpre et languide, le roman remue, bouscule, dérange mais il interroge aussi sur la façon dont chacun gère son passé difficile. L’écriture est ciselée, presque chirurgicale, les mots se bousculent dans la tête des personnages, donnant une histoire bouillonnante et sensible, à fleur de peau.- Boris Tampigny

La fille du van c’est Sonja, ancienne infirmière partie en Afghanistan et marquée à vie depuis son retour en France par toute l’horreur vécue, subie. Après une errance de plusieurs mois dans son van elle atterrit au bord de la Méditerranée, près de Sète.
Junkie, folle, traumatisée et abandonnant ses proches, elle va finalement, au fil de ses rencontres, arriver à vouloir se poser et combattre ses démons. Avoir une vie meilleure. C’est aussi la volonté des trois personnes qu’elle va croiser. Trois autres destins un peu bancals ou dépressifs qui vont tour à tour lui permettre de revenir à la vie, aux envies, quitte à se perdre eux-mêmes. La fille du van va souffrir encore, mais elle va également à nouveau se sentir exister, aimer, jouir et renouer avec les siens.
Un très beau roman d’une écriture qui s’étire, en phrases (parfois trop) longues, ponctuées de nombreuses virgules comme pour montrer la détresse, le cerveau qui déraille et ses idées qui fusent, la vie qui va et qui vient. Si le début du roman montre quelques longueurs et répétitions (notamment sur la douleur de l’héroïne), sa fin en est l’opposé, puisque la dernière partie, la dernière journée est intense, dense en actes et en rebondissements. Un peu trop peut-être…. Tout s’y jouera et s’y dénouera, en grande partie, autour d’une même scène vécue différemment selon l’état psychologique des personnages. Cette différence d’interprétation engendrera des conséquences irréversibles pour chacun. Conséquences, à mon sens, un peu alourdies par la folle succession d’évènements marquants et décisifs. Malgré tout, on se surprend à refuser ce qui s’y passera et à espérer.
L’auteur arrive avec une grande finesse à dépeindre comment l’être humain peut basculer dans la folie après un énorme traumatisme et ce qu’il est capable de faire pour épargner cette souffrance atroce à ses proches. C’est l’analyse méthodique d’une fuite menant à un point de non-retour et de ce qui se joue juste après cette rupture. Au travers d’émotions décrites avec justesse Ludovic Ninet démontre comment nous acceptons (ou pas) les coups durs et les injustices pour mieux nous relever ou retomber. Il y a autant de défaite, d’abandon que de résilience chez la fille du van et ses compagnons de route.
La fille du van est un roman douloureux mais porteur d’espoir. Une histoire aride et sèche comme les paysages méditerranéens où elle se déroule. Une œuvre tout aussi lumineuse, solaire car la vie, malgré les bosses, les traumas, les épreuves, continue à pousser. – Laetitia Zunino
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« Elle croyait s’éloigner de son passé, ses pas l’ont ramenée sur les berges de son enfance ».
On l’admire, on la plaint, on l’envie, on la déteste, cette Sonja. Belle, trop belle, paumée, fragile, égoïste, tellement égoïste mais aussi tellement généreuse. Impossible de rester indifférent. Dès la première page, on sent le malheur qui couve et qui va durer mais on est irrésistiblement captivés par la plume acerbe de Ludovic Ninet qui sait si bien faire sentir les fragilités des êtres tout en les protégeant. « J’ai volontairement ignoré notre rendez-vous dit Sonja à Pierre, j’ai voulu vous blesser- c’est elle-même en réalité qu’elle visait ».
Avec Ludovic Ninet on apprend à comprendre chaque personnage, tous aussi cassés, laissés pour compte. Chacun s’accroche à la vie en gardant un espoir dans les émotions de l’autre. Cette lueur d’espoir qui nous fait dire qu’ils auraient presque pu y arriver. Ce roman nous laisse fascinés, révoltés, bouleversés et c’est ce qui fait toute sa beauté. – Karine Godo
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« Coup d’essai, coup de maître. Pour son premier roman Ludovic Ninet aura réussi à aller au plus profond de l’intime, à fouiller ces zones de la conscience qui construisent – ou détruisent – une personne sans pour autant donner avoir recours à un quelconque jargon, sans jamais s’ériger en donneur de leçons… »Lire le poignant billet de blog d’Henri-Charles Dahlem
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Sonja, une jeune infirmière militaire qui revient d’Afghanistan et Pierre un ancien champion olympique de saut à la perche s’enfoncent dans leur mal de vivre. Chacun d’eux est isolé dans sa solitude et se bat pour en sortir. Elle est aussi cabossée que le vieux van dans lequel elle dort au bord d’un lac près de Sète. Lui vend des poulets rôtis sur le parking d’une grande surface. Chaque nuit elle fait des cauchemars en revoyant des scènes de guerre. Lui ressasse toujours les jours son exclusion des compétitions après une blessure qui a stoppé sa carrière. Pas vraiment de points communs entre ces deux écorchés vifs dont les idéaux se sont brisés. Pour supporter le quotidien elle avale calmants, alcools et drogues. Il est séduit par cette jeune paumée qui l’intrigue et lui redonne goût à la vie. Près d’eux les personnages du harki qui a mal tourné à cause de la société française et de la comédienne lesbienne qui n’a jamais percé sont plus convenus. On ne comprend pas tout dès le départ car le récit de Ludovic Ninet n’est pas linéaire. Je ne peux pas dire que j’ai trouvé Sonja sympathique. On devine vite qu’elle a abandonné un enfant. Elle est partie en Afghanistan déjà déprimée pour des raisons peu convaincantes, un désir non abouti d’un second enfant, un besoin d’argent car son mari était au chômage. Mais elle n’était pas préparée à la réalité de la guerre.
Le choix d’une femme pour exprimer la souffrance de jeunes soldats plus ou moins idéalistes au retour d’Afghanistan est intéressant. C’est un beau plaidoyer contre la guerre qui malheureusement frappe surtout les innocents. C’est aussi une description du mal-être ambiant de notre société. Je n’ai pu m’empêcher de penser au très beau «L’ insouciance » de Karine Tuil.
C’est un roman noir et très fort mais je pense que Ludovic Ninet a voulu faire entrer trop de choses dans son récit. Il y avait matières à plusieurs histoires et ça aurait été moins de rocambolesque. Néanmoins ses personnages ne laissent pas indifférents. Pour un premier roman c’est une belle réussite. – Françoise Floride Gentil
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« J’ai tellement aimé m’approcher de ces personnages, de leurs espoirs et de leurs douleurs, de leurs histoires, de leurs rêves, de leurs secrets. De leurs failles. Béantes. Immenses… »  Lire le billet plein d’émotion de Framboise.
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L’auteur a utilisé tous les ingrédients nécessaires pour faire de son roman un véritable plaisir de lecture. La construction du récit est intéressante qui, loin d’être linéaire, utilise le passé pour expliquer le présent et passe de l’un à l’autre avec beaucoup de doigté. Ses personnages sont tous cabossés mais particulièrement attachants : Sonja à la magnifique chevelure rousse, « La fille du van », un van couleur lie de vin – dommage qu’il soit bleu sur la couverture – est une ancienne infirmière. Partie soigner, mais aussi faire la guerre en Afghanistan, elle en est revenue meurtrie et tente de survivre à ses cauchemars… « Elle sait qu’elle perd la boule, le mal n’est pas visible, il ne lui manque ni bras, ni jambe, juste une case que la guerre lui a prise, mais qui va la croire ? » Pierre, un ancien champion olympique de saut à la perche, reconverti en marchand de poulets rôtis ambulant traîne sa peine et ses rêves anéantis de sportif déchu… « Pierre aussi se sait fou – il dit fou, il préfère, c’est toujours mieux que malade ou dépressif… », Sabine caissière qui aurait dû être comédienne et Abbes fils de harki au passé judiciaire long comme un jour sans pain complètent le quatuor. Toutes ces âmes fatiguées, blessées, fragiles tentent ensemble de se construire un avenir nouveau, s’entraident, se soutiennent. Le décor n’est pas en reste qui donne la part belle à la côte héraultaise et apporte sa lumière. L’étang de Thau a la vedette qui de Mèze à Sète, en passant par Balaruc nous enchante de ses paysages de mer et de garrigues.
Mais l’important dans tout ça, est aussi l’écriture. L’écriture de Ludovic Ninet, sèche, rapide, tonique, parfois lancinante, mais toujours sensible, traduit parfaitement les sentiments, les affres, les terreurs. Je n’ai rien tant admiré que les passages liés à Sonja et ses frayeurs qui m’ont fait vivre de l’intérieur ses traumatismes ramenés de la guerre. D’une efficacité redoutable par leur côté visuel, les mots donnent aux personnages une profondeur peu commune et les font vivre, renaître ou sombrer.
Il s’agit là d’un roman fort, noir et lumineux à la fois et vraiment bouleversant. – Geneviève Munier
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Une couverture et un titre qui pourrait laisser présager un roman de voyage ou de déambulation le long des routes au bord d’un van. Sonja est une jeune femme qui vit dans ce van. Dès les premières pages, on est à la marge de la société. Elle vivote dans ce véhicule, mendie aux portes de supermarchés et installe son van près de l’étang de Thau. Elle va alors rencontrer Pierre, vendeur de poulets rôtis mais surtout ancien champion olympique de saut à la perche, Sabine, qui est caissière dans le supermarché et qui va lui permettre de trouver un petit boulot de manutentionnaire, Abbes, petit chef des manutentionnaires ; Tous ces personnages ont un passé difficile à assumer et essaient de vaincre des tourments, des craintes et trouver une place dans la vie. Des recherches de rédemption, des souvenirs qui troublent les nuits et les jours de ces personnages, auxquels on s’attache. L’auteur nous entraîne dans des pages sombres mais aussi des pages lumineuses d’espoir. Mais la vie et le passé refont souvent surface. Un premier roman très sombre qui nous parle de l’histoire (les cicatrices du passé et en particulier des harkis à travers le personnage d’Abbes), les difficultés du monde sportif et ce portrait si touchant de Pierre (ancien champion olympique qui a eu du mal pour sa reconversion, de très belles pages sur le saut et sa sensation de voler vers les airs et vers l’or des médailles) et surtout un portrait si touchant de Sonja (des pages impressionnantes de ces hommes et femmes de l’armée française partis en Afghanistan pour défendre des droits ou faire une guerre si loin de leurs idéaux). Ce premier roman parle avec vérité, parfois dureté, de la gestion humaine des traumatismes et de la façon de repartir et d’affronter le futur malgré des blessures du passé. Un texte difficile mais on est happé par le récit et par les personnages brisés, à vif mais aussi très touchants dans leurs doutes et espoirs. – Catherine Airaud
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Quand je suis séduite dès les premières lignes, je sais que je vais adhérer à la suite.
Ce roman est un coup de cœur absolu.
Il y a la perfection de l’écriture, la présence puissante des personnages, malheureux, dépressifs, au bord de la rupture, mais humains, tellement humains.
D’un film on dirait que les acteurs crèvent l’écran, là, ce sont les personnages qui se matérialisent sous mes yeux.
J’en suis toute bouleversée.
Je sais qu’ils vont continuer à vivre en moi.
Et comment passer à une autre lecture? Pas tout de suite. – Mireille Le Fustec
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Sonja, était infirmière militaire. En Afghanistan, elle s’est battue contre l’horreur du quotidien, elle a serré les dents pour ne pas hurler, pour soigner, pour sauver. Elle a tenu le coup, courageusement, jour après jour. C’est au retour en France que tout a basculé, incapable de surmonter le traumatisme et les cauchemars, Sonja est partie, abandonnant son mari et son enfant. Au volant de son véhicule elle a roulé, sans but, dans une fuite en avant désespérée, jusqu’à une petite ville du sud de la France ou elle s’est garée, sans véritable raison, mais il faut bien se poser quelque part. C’est Pierre qui va lui redonner peu à peu, le courage de continuer. La dépression, il connait, après avoir dû renoncer à ses rêves de champion olympique. Ce roman est fait de belles rencontres comme Sabine et Abbes, eux aussi accidentés de la vie, mais qui s’accrochent à des idéaux qui les aident à avancer. J’ai tout aimé dans ce roman. Ludovic Ninet nous présente des personnages attachants et profondément humains. Il réussit parfaitement grâce à une écriture brutale à nous faire comprendre le quotidien des soldats sur le théâtre des opérations. Il pose la question de la puissance de l’amitié dans une possible reconstruction. « La fille du van » est un grand livre qui parle avec simplicité des gens et des rapports qu’ils nouent entre eux, de la façon dont ils se sauvent les uns les autres et se sauvent eux-mêmes. Un coup de cœur. – Isabelle Purally
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Lire également les billets de Joëlle, « profondément émue », Nicole, Anne Leloup, Sabine, « saisie aux tripes », Amandine

Un commentaire sur “La fille du van – Ludovic Ninet

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  1. Il faudrait y croire encore et toujours aux vents favorables, au hasard des belles rencontres malgré les souvenirs qui affolent, les désillusions qui piquent les yeux
    Chacun oscille sur son fil, tombera, tombera pas, une main tendue, un regard bienveillant et on s’accroche, on se surprend à espérer
    Tous ces personnages ont chuté, d’une perche, d’un pays d ‘une guerre, d’un amour ,de la vie qui leur a violemment repris ce qu’ ‘elle leur avait laissé entrevoir sur le bord de leur chemin
    Ils n ‘osent garder l ‘espérance, plus pour eux ?trop tard ?trop mal ? il suffirait de presque rien …pourtant
    Une belle écriture qui tourne encore dans la tête bien après que l ‘on ait fermé le livre

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