Cofondateur avec Pierre Rahbi du mouvement Colibris, Cyril Dion nous offre un roman « monde » dans lequel il propose quelques clés de compréhension des colères qui transforment notre terre en un vaste terrain de guerre. Brutal et poétique. Tragique et utile.
En prenant pour toile de fond le conflit israélo-palestinien, l’auteur nous propose quelques fragments de vie de quatre personnages touchés par ce drame. Nadr et Khalil sont frères et vivent dans la bande de Gaza. Si le premier aime les livres et les poèmes, Khalil, très tôt attiré par la violence se rapproche du Hamas et se laisse peu à peu embrigader par les forces du Djihad pour gagner la France et y commettre l’irréparable. Fernando Clerc, depuis son bureau parisien travaille pour une institution internationale, proche du FMI, chargée de procurer des fonds aux nations en voie de développement. Amandine, mère désespérée préfère vivre seule, en forêt, pour tenter de préserver le peu d’espoir qu’il lui reste. Il est difficile d’en dire davantage. «Imago » est une histoire qui se dévoile peu à peu à travers des destins brisés. Cyril Dion signe un premier roman captivant, porté par une écriture percutante. Une réelle réussite. – Isabelle Purally
Je connaissais Cyril Dion par le mouvement auquel il appartient et qu’il co anime avec Pierre Rahbi., « Le Colibris » et par sa réalisation avec Mélanie Laurent du documentaire « Demain ». Film qui parcourait le monde et qui décrivait avec beaucoup de délicatesse, poésie, humanité des initiatives citoyennes pour préserver et sauver la planète. Lors de soirées débat, j’avais déjà pu apprécier la plume poétique de Cyril Dion. Cette fois, il s’agit d’un roman et d’un premier roman. Ce livre est très touchant et il parle de quatre personnages qui nous touchent car ils sont très proches de nous. Avec une belle écriture, Cyril Dion nous décrit la vie, la survie et notre rapport à la société, à son évolution. Grâce au romanesque, l’auteur nous parle « indirectement » de ses combats : il parle de la Palestine et de la survie de ses habitants et de la complexité de ce pays et de ses habitants. le portrait des deux jeunes frères est criant de réalisme. Fernando, le haut fonctionnaire d’une institution « humanitaire », qui distribue des aides aux pays en voie de développement, mais tout cela de son bureau aseptisé parisien avec l’aide de statistiques et de tableaux de chiffres est aussi un portrait très réaliste. Il y a aussi un beau portrait de femme, mère, qui a décidé de s’isoler dans la montagne après avoir tenté de comprendre et appréhender le monde. Un livre politique, au bon sens du terme, poétique, avec une belle écriture, humain, avec des descriptions de personnages avec leurs doutes, leurs espoirs, leur humanité. de belles rencontres les uns avec les autres. Un livre d’espoir et de croyance en l’humain, sans pathos.
Un premier roman qui nous interpelle, nous touche. Un coup de cœur de cette rentrée littéraire. – Catherine Airaud
Je n’aime pas souvent les romans traitant des sujets d’actualité. Le dernier a m’avoir vraiment touché était « Nous traverserons ensemble » de Denis Lemasson qui traitait de la vie et des espoirs des migrants. Imago n’a pas réussi à m’impliquer autant et pourtant le sujet m’intéressait. Les quatre personnages principaux sont tous liés et en même temps parfaitement isolés dans leurs quêtes et leurs angoisses. Aucun de parvient à sortir de son rôle qui semble préétabli par sa naissance, aucune ouverture, aucune porte de sortie ne semble leur être proposé, pas de sauvetage possible. Reste un sentiment profond de solitude et le poids énorme du destin inéluctable. Un sentiment en demi-teinte pour ce roman par ailleurs très bien écrit. – Emmanuelle Coutant
Je découvre Cyril Dion et son premier roman, Imago, grâce aux 68 premières Fois.
Le titre vient du mot qui désigne le dernier stade d’évolution de la larve ou de la chrysalide qui devient papillon ; pour les lépidoptères, c’est le stade de reproduction et de dispersion. C’est l’auteur lui-même qui donne ces précisions sur le choix de son titre…
Personnellement et forte de mes études latines, je partais plutôt sur tout un imaginaire sur la représentation, tant physique que morale, tant concrète qu’abstraite… le dessein de l’auteur et mon interprétation ne paraissent cependant pas incompatibles.
Sur fonds de conflit israélo-palestinien et avec ces quelques réflexions préalables et la quatrième de couverture, je ne m’attendais donc pas à un livre facile. Décidément, pour ma troisième lecture, je commence à trouver que les 68 premières fois ont sélectionné des romans courts, mais sur des sujets graves… lire la suite de la chronique très détaillée de la lecture d’Aline Raynaud sur Babelio
Comment parler de la guerre civile aux adolescents ou aux adultes des pays en paix ? Sur le ton du conte philosophique, c’est parfait. Amandine néglige son fils aîné Fernando, tombe enceinte de son professeur de fac palestinien, qui lui arrache le bébé à la maternité. Elle a ensuite une autre vie, un autre enfant, deux petits enfants. Mais l’amour maternel, ce n’est pas automatique. Amandine ne parvient pas à aimer suffisamment ses deux autres enfants pour les rendre heureux. Un héros entre deux cultures, c’est un ingrédient sûr pour un bon roman. L’originalité, c’est que Nadr n’a pas d’indices sur sa mère biologique que de rares allusions appellent simplement « la Française ». Comme dans une tragédie grecque, le destin se joue des personnages liés sans le savoir. Le haut fonctionnaire du « Fonds » qui vérifie pour la première fois la réalité du terrain est le demi-frère aîné de Nadr, Fernando, qui avait pourtant supplié ses supérieurs de l’envoyer n’importe où, sauf au Moyen Orient car il a des réminiscences de la liaison de sa mère. Les autres hasards tragiques ne peuvent être dévoilés sous peine de gâcher votre lecture… Le contraste est fort entre le campement chaleureux des bédouins et la froideur des couloirs d’aéroports. Entre la fuite de Nadr par des tunnels mal étayés et les moyens engagés par les employeurs pour récupérer son frère. Comme dans les contes, des personnages secondaires aident le héros ou lui ouvrent les yeux. Jalil révèle tout ce qu’il sait de la naissance de Nadr. Le personnage de l’Egyptien Ali symbolise l’hospitalité, l’entraide, la modération éclairée. Sa fille Samira lui fait prendre conscience des aspirations des femmes. Même Brahim, le vendeur d’armes de la banlieue de Marseille, l’aide par compassion. Le roman comporte de nombreux passages émouvants, principalement quand le lecteur entre dans les pensées de Nadr. Les phrases deviennent même poétiques quand le héros évoque le désert, la Palestine ou ses rêves d’avenir. Puisse-t-il connaître un grand succès et changer la perception de la tragédie palestinienne. – Nathalie Laversin
Bande de Gaza, deux frères, deux rêves, l’un celui de Nadr est porté par les livres et la poésie, et l’autre, plus sombre, celui de Khalil, emporté par les sirènes du Djiad. L’un allant sur les traces de l’autre jusqu’à la banlieue parisienne pour l’empêcher de commettre le geste irréparable. Roman sombre, même s’il est maîtrisé, m’a laissé dans un sentiment de non retour, de tristesse et ne m’a pas donné ce coup de poing que j’attendais à la lecture des premières pages. – Philippe Hatry
Et le plus dur est de ne pas lire l’article avant le livre !
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Je viens de le recevoir. J’espère qu’il me plaira
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Bonne lecture !
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