Pour leur bien est le premier roman d’Amandine Prié, paru aux éditions Les Pérégrines dans leur collection roman.
Résumé
Inaya, une intrépide fillette de huit ans, vit avec sa tante et ses cousines dans un village d’Afrique, au coeur d’une région instable depuis des années.
Un jour, une association humanitaire s’installe à proximité du village. Les bénévoles se mettent en quête d’orphelins de père et de mère, afin de les sortir de la misère et de leur donner accès à l’école.
Sur le camp où ils sont accueillis, Inaya et une centaine d’autres enfants sont ainsi nourris, logés, instruits et soignés. Mais quelles sont les véritables intentions de cette association ?
A vos chroniques, avis, retours de lecture ! En commentaire dites-nous ce qui a vous a enthousiasmé.e, perdu.e, ce qui a fait battre -ou non- votre coeur de lecteur / lectrice ! Si vous avez rédigé un article de blog n’hésitez pas à mettre le lien de celui-ci aussi 🙂
Une phrase a retenu mon attention et résume, à mon sens, l’essentiel de ce livre : « c’est ainsi que l’on grandit et que l’on meurt ici : entouré de deux cents âmes prêtes à se substituer à celles et ceux qui vous ont donné la vie, au milieu d’une famille grande comme un village posé au bord d’une piste rouge. »
Les pseudos humanitaires qui interviennent auprès des habitants de ce village auraient bien fait de penser à ça !
J’ai de beaucoup préféré les premiers chapitres tant que les « blancs » n’avaient pas fait leur apparition . Pourtant je n’avais pas fait le rapprochement avec l’association réelle, qui a inspiré cette histoire. Mais je leur trouvais quelque chose d’antipathique à ces humanitaires. Impossible d’en dire plus !
L’autrice a bien campé ses personnages surtout ceux des enfants et en particulier celui d’Inaya, gamine volontaire et intelligente.
J’ai bien aimé ce roman qui m’a surprise.
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Dans ce premier roman que j’ai trouvé passionnant, l’autrice nous raconte l’histoire à hauteur d’enfant.
Dans un pays d’Afrique, une organisation humanitaire française propose de scolariser les enfants. Enfin pas tous les enfants, elle ne veut que des garçons de moins de cinq ans et orphelins.
Dans un des villages concernés, vivent des gens déplacés qui ont fui la guerre et les exactions des rebelles. Inaya y vit désormais avec sa tante et ses cousines depuis la disparition de ses parents.
À huit ans, elle est d’une vivacité, d’une curiosité et d’une intelligence bien au dessus de la moyenne à laquelle s’ajoute la maturité propre aux enfants qui ont connu la guerre.
Elle va voir dans cette histoire d’école une opportunité et persuader sa tante de convaincre le chef du village d’obtenir que les français acceptent tous les enfants sans discrimination de sexe ou d’âge. Elle sera la première aussi à comprendre que quelque chose ne tourne pas rond dans le camp où avec des dizaines d’autres enfants, elle est censée aller à l’école…
L’autrice pose intelligemment à travers cette histoire inspirée par le scandale de L’arche de Zoé en 2007, la question du bien-fondé de la mission humanitaire quand le bien de l’enfant n’est jugé qu’à l’aune de valeurs occidentales qui ne tiennent absolument pas compte de la culture et des besoins réels de l’enfant. Enfin de la domination des blancs sur les africains, de celles des hommes sur les femmes et des adultes sur les enfants.
Un premier roman réussi, très prenant, très immersif, aux personnages attachants, qui suscite chez le lecteur de nombreuses émotions, empathie, espoir, colère et le pousse à la réflexion. N’est-ce pas ce qu’on attend de la littérature ?
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Dans un village d’Afrique, marqué par la pauvreté, l’illettrisme et la violence, une opportunité pour les petits orphelins s’annonce, celle de rejoindre un camp pour enfants, pour aller à l’école. C’est ce qui est proposé par une association humanitaire de bénévoles qu’on pourrait croire altruistes.
Le choix est difficile, les mères biologiques ou d’adoption hésitent, réellement partagées entre un avenir plus sur pour leurs enfants ou les garder sous leur protection mais les priver de savoir.
Une centaine d’enfants iront mais tout ne se passera pas comme prévu.
Tiré d’une histoire vrai, ce roman vu sous l’angle d’une enfant, ayant l’ambition de devenir médecin, est glaçant , car il interroge sur le possibilité de disposer de la vie d’autrui sous prétexte de certitudes, allant même jusqu’aux profits.
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Très intéressante approche de l’affaire qui avait fait grand bruit en 2007 lorsque les membres dirigeants de l’association française « l’Arche de Zoé » étaient arrêtés au Tchad au motif qu’ils avaient soustrait une centaine d’enfants à leurs familles légitimes ou non sans qu’on sache bien s’ils avaient agi par appât du gain ou dans le souci d’offrir aux enfants un avenir en Occident.
Les pouvoirs publics tchadiens et français ainsi que les « grandes » associations humanitaires avaient jugé l’action de l’association illégale, irresponsable et inacceptable.
Ici, Amandine Prié fait se rejouer l’affaire à travers les yeux des enfants, en particulier Inaya, petite fille futée qui se pose toutes les questions avec perspicacité et dignité : ce qui se cache derrière cette opération, la vraie nature du projet et sa légitimité, les sentiments qui animent les protagonistes…
J’ai aimé autant cette prise en compte de la voix des enfants partagés entre l’envie d’ailleurs et le déchirement de quitter ce qui est leur cadre de vie habituel, que les motivations ambigües, peu à peu dévoilées, qui animent à la fois la parentèle qui a jusque-là pris soin des enfants, les humanitaires, les autorités locales. Sans compter que le cadre est formidablement bien rendu : la vie au village, les bandes armées qui rôdent, les tentes de l’hôpital de fortune, l’orphelinat quasi militaire…
Dommage que ne n’aie pas compris la fin : s’agit-il de l’annonce d’une suite à ce roman ?
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La rumeur s’est répandue de maison en maison, traversant les ruelles et les cours à la vitesse d’une flèche. En moins de dix minutes, tous les enfants qui savent déjà marcher et tous les adultes qui le peuvent encore se sont regroupés de chaque côté du chemin menant à la grande piste rouge.
Au milieu de cette haie d’honneur improvisée, une jeep imposante progresse lentement.
Le dirigeant d’une association humanitaire venue s’installée dans un village voisin, leur explique qu’ils viennent d’ouvrir une école, et que leurs enfants de moins de 5 ans et orphelins de père et de mère, y seront accueillis. Mais là tout se complique car la plupart des parents malgré leur réticence à se séparer de leurs enfants, nerveux et nièces, veulent que les plus grands puissent en profiter aussi.
Au final plus de 100 enfants se retrouvent dans ce camp humanitaire, où l’école ne fonctionne pas vraiment. Leur plan étant d’embarquer tout ces enfants en France, et de les confier à des parents adoptifs sous condition d’une bonne rémunération pour l’association.
J’ai beaucoup aimé ce livre, autant l’écriture que le déroulement de l’histoire. Et c’est en arrivant sur les dernières pages que j’ai compris que cette histoire était réelle, et je me suis rappelée de ce « fait divers », qui s’est passé en 20007, et qui a fait tant de bruit.
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