Peut-être la surprise la plus touchante de cette sélection, qui a généré quelques vrais coups de cœur auprès de lecteurs sensibles au propos et au personnage mis en scène par Gilles Marchand.
« Fantaisiste, drôle, émouvant, ensorcelant, profond, puissant, poétique, pudique, triste, douloureux, optimiste, doux, nécessaire… D’abord le titre. Énigmatique, questionnant, ne laissant rien présager ni de l’histoire, ni de ce que sera la lecture. Ensuite l’entrée dans une histoire étrange racontée avec un style déconcertant : le narrateur, un comptable solitaire, se définit d’emblée par ce qu’il possède : une écharpe et une cicatrice. Que l’écharpe cache la cicatrice, on le découvre instantanément, mais le poème ? Et d’où vient cette cicatrice ? Est-elle réelle ou métaphorique ? Chaque soir depuis neuf ans il retrouve dans un café trois amis avec lesquels il fume, boit, joue à la belote : Sam, Thomas et Lisa, dont il est secrètement amoureux. Sans jamais quitter son écharpe qui cache le bas de son visage… Jusqu’au jour où raconter son histoire devient indispensable. Le café devient alors la scène où chaque soir le public est de plus en plus nombreux à venir l’écouter. Et la fantaisie de son récit envahit peu à peu le quotidien comme si la fiction contaminait la réalité, comme si elle l’embellissait et permettait de s’en abstraire. Un chien qui promène sa maîtresse, un tunnel dans un tas d’ordures, une armée de soldats de plomb… Il y a quelque chose du Boris Vian de « L’écume des jours » dans cette vision poétique et farfelue de la vie. Vian qui savait dire la mort en racontant la croissance d’un nénuphar… Les charmes de l’écriture de Gilles Marchand, faite de soubresauts, de répétitions, de notations délicates ou burlesques, ont opéré de manière presque furtive. Avant que je ne m’en aperçoive j’étais happée, comme ensorcelée par ces drôles d’histoires, par cette bouche qui travestit les souvenirs pour ne plus les entendre hurler, par cette bouche aux centaines de voix sans personne. Il faudrait du temps et du talent pour exprimer la richesse de ce roman époustouflant. Il faudrait savoir parler de tout ce qu’il dit de l’être humain, de la mémoire, de l’horreur, de l’Histoire, de la douleur et de l’espoir. Il faudrait montrer à quel point la narration est en totale osmose avec le propos. Il faudrait relever les trouvailles langagières, les images, les résonances… Il faudrait… Moi, je dis simplement que je l’ai aimé pour tout ce qu’il est. » – Sophie Gauthier
« Avec ce magnifique roman, Gilles MARCHAND nous fait prendre conscience du pouvoir de l’imaginaire, tant pour le conteur lui-même que pour celles et ceux qui écoutent les histoires. Chacun en retire un bien-être lié à sa culture, son éducation, son statut dans la société, son âge… » nous dit TLivresTArts sur son blog (lire le billet complet)
« De petites saynètes dans le décor d’un bar ou se retrouvent chaque soir les 4 mêmes personnages. On pourrait être dans un film de Jeunet pour le « bizarre » des lettres reçues, des situations vécues … et la tendresse à fleur d’échanges et de regards. Le burlesque embellit la vie comme l’a appris le narrateur de son grand-père alors les spectateurs se font de plus nombreux dans ce café conquis par ces récits pleins de rêves et de poésie. Je me suis glissée dans ce public, conquise par le charme et la fantaisie de ce drôle d’homme à écharpe. » – Christiane Arriudarre
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